Sable. Rocaille. Soleil accablant dans un ciel d’azur profond. Tel était l’environnement auquel Kerdän et Taliesin étaient confrontés depuis qu’ils avaient quitté les agréables contrées du Corridor du Souffle. Ils suivaient péniblement la piste qui les menait vers le nord ouest, vers la cité du Chaos nichée au cœur de ce désert ardent. Leur allure était lente mais constante : ils ménageaient leurs forces et celles de leur montures, faisant parfois halte à l’ombre d’une dune pour boire avec parcimonie quelques gorgées de leurs réserves d’eau, précieusement stockées dans de grandes outres achetées dans le dernier village qu’ils avaient traversé.
Ils étaient absolument seuls parmi ces vastes étendues arides. Nulle caravane marchande n’avait croisé leur chemin, nulle tribu de bédouins ne s’était approchée des parages de la route. Tout juste les deux voyageurs avaient-ils quelques fois entraperçu l’ombre d’un petit animal détalant à leur approche ou, plus rarement encore, les cercles aériens décrits par un charognard en quête de pitance, rompant parfois le silence d’un cri rauque et lugubre. Le rôdeur et le barde, quant à eux, ne prenaient que rarement la parole : la solitude environnante poussait d’avantage à l’introspection qu’aux grandes envolées lyriques.
Et ainsi, heure après heure, s’égrenaient les lieues qui les séparaient encore de leur sombre destination.