Une fois n'est pas coutume, le chauvinisme a presque failli me surprendre lorsque j'ai constaté que le dernier film des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne était à l'affiche au cinéma près de chez nous. On en a beaucoup entendu parler (ou lu) ces derniers temps puisque le film était en compétition au festival de Cannes.
Et comme je n'avais encore jamais vu de film des Dardenne, on s'est dit "allons-y", d'autant que les critiques sont quasiment unanimes.
L'histoire est simple : Sandra, une jeune mère qui termine un congé maladie pour dépression, apprend, le vendredi avant sa reprise du travail, que ses collègues ont voté pour avoir une prime de mille euros. En échange de quoi, son poste est supprimé. Une de ses collègues parvient à convaincre le patron de refaire voter les salariés dans l'anonymat afin d'éviter les pressions. Sandra part alors, avec son mari, chez ses collègues pour tenter de les convaincre de changer d'avis le lundi qui suit. Deux jours et une nuit à crapahuter, dans l'angoisse d'un refus, dans la honte de quémander...
Une heure trente de film assez brut, et brutal. Réaliste et crédible, sur une situation qui malheureusement est trop fréquente en ces temps de "crise économique". Les frères Dardenne évitent le piège grossier du manichéisme pour lui préférer des personnages très humains, dans tous les sens du terme : la solidarité, l'égoïsme, la nécessité... tant de situations terriblement réelles dans cette fiction.
Je termine en saluant le jeu d'actrice de Marion Cotillard. C'est le premier film dans lequel elle joue que je vois, je l'ai trouvée très crédible en mère angoissée et encore dépressive, quoi qu'elle en dise. Elle a fait pas mal d'efforts également pour prendre l'accent belge (le "vrai", pas celui de Coluche), ce qui n'est pas évident sans passer pas mal de temps "dans la situation". C'est un détail, mais qui montre son degré d'implication, je trouve.
Un grand film, je trouve.